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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 22:00


Septembre 1984, c'est ma rentrée dans un nouvel établissement scolaire : le Mont Vallot, ou appellé le collège 900*.

J'étais un petit garçon de la campagne qui avait fait ses premières armes dans une école de village et  j'allaits me retrouver en 6ém dans une ville.
En plus, je devenais un grand, j'allais devoir assurer.

Outre ces histoires de salle de classe et de prof différents, de cartable à géométrie variable et de bus inrattable pour cause d'unicité journalière, il y avait la réputation !

Mon frère ainé y était encore l'année d'avant. Il m'avait raconté les bastons. Il m'avait raconté les couteaux, le rackets, les méchants, les caïds ...
J'allais rencontrer, sans le savoir, une expériences de darwinisme au premier degrè dans le réel.

Je longeais le parc qui précédait l'école. L'automne faisait pleuvoir des grandes feuilles oranges, qui formaient une couche gluante et glissante.

J'arrivais face aux grandes grilles vertes et rectangulaires. Les autres mômes avançait dans un flot continu. J'avais le coeur serré ... Pourtant quand je posais mon premier pied à l'intérieur, je n'étais pas foudrouyé sur place ... Ma voix n'avait pas mué ... Rien ... J'enchainais ...
 
J'avançais sur la petite côte goudronnée qui dominait la cours inférieur et menait au préau. Elle était elle-même surplombée d'un talus d'une quarantaine de degrés planté, ça et là, de chataigniers. Au file des années, les éléves les plus acrobates avaient creusé, en son sommet, un chemin de terre.

La pente était raide.
Tout du long, ce sac pourri me tapait dans les cuisses. C'était ma mère qui l'avait choisi. C'était une espèce de cube de tissu gris kaki. Son fond était fait d'une large plaque de carton percée de quatre crampons de fer.

À mi-parcours, j'entendais du bruit au-dessus de moi. Des hurlement et des clang clang. Deux gars étaient en train de se bagarer et un attroupement hystérique c'était formé autour d'eux. « Nique-le ! »  « Vazy ! Défonse-lui sa race ! » ...

D'en bas, je découvrais les deux combattants :
Un grand type blond, beaucoup plus vieux que moi et donc plus fort ... J'apprendrais plus tard que c'était Billy, une espèce de cas soc' qui avait vue sa mère passer par la fenètre de la cuisine durant un « accident ». Il petait la gueule à tous ce qui bougeait ... Et même des fois, si ça bougeait pas.

L'autre type était un gars de mon age – et même plus petit que moi. Il avait la jambe droite platrée. Il passait son temps à sautiller sur sa jambe valide. Il faisait tournoyer ses béquilles et en assénait de grands coups à l'autre pour companser son petit gabari. Quand il ratait sa cible elles finissaient dans un mur -clang- dans un arbre -clang- Globalement, il se faisait labourer le visage de coup de poings contre quelques coup de béquilles vicelard.
Plus tard, j'appris qu'il était dans ma classe, il s'appelait Franck. Il allait devenir mon meilleur copain ...

Bonjour, ... Tu deviens grand ....

* Pask'on foutait 900 minots dans le bordel ... Enfin t'es pas con ... C'est juste pour dire ...

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 21:15


Quand j'était petit, je vous en ai deja parlé, j'habitais un patelin  - Elbeuf - qui était constitué pour sa moitié d'une téci de la mort. Les coup de boules fleurissaient comme des chardons. Les traffics avaient pignon sur rue.

Un jour de l'année de mes quinzes ans, je passais dans la librerie proche de mon lycée. Je me tatais entre Strange et Titans.
Quatre lascards arrivaient avec la tête de « j'vais faire une connerie ». Ils optaient pour une technique classique. Pendant que deux ambrouillaient le vendeurs, les deux autres se gavaient la doublure du blouson de revus.
Je peux presque affirmer qu'ils employaient le principe du Roller : « Je choisi pas moi, j'prends s'qui dépasse »*.

Pas trop nigaud, le vendeur se dépettrait des deux sansues, pour gauller en flag les deux autres. Le ton montait très vite :
Sale petits voleurs !
Sale Baataard !
Non, ... mais dit donc ! J'vais appeler les flics !
Vazy ! Dégage ! Fils de pute !
...

A un rayon de là, je comptais les points, goguenard.  Et ce qui devait arriver, arriva ! Les quatres gamins se firent téj manu militari. Ils finissaient de donner leurs avis à coup de « ta mère ! » et de doigts d'honneurs, puis ils partaient.

Tout semblait rentrer dans l'ordre. Je repartais dans mon analyse du meilleur comics, dans lequel il fallait investir. Spider-man ? Les X-men ? Je me tatais à mort.

Au bout de cinq minutes, j'entendais le vendeur souffler : « Non ... ». Il regardait derrière la vitrine. Je suivais son regard.
Je découvrais les quatre lascards portant sur l'épaule une énorme bitte en béton. Celles qui servent à empécher les voiture de se garer. Le bordel devait peser dans les 100 kg. Je me demande encore comment ils l'avaient déssoudé.

Pendant que je me posais deja cette question, les mecs projetaient leur cadeau dans la vitrine du libraire. Elle explosait, ainsi que tout son contenu, en me vrillant les tympans. Mes yeux faisaient cinq centimètre de diamètre.

Le petit commerçant, lui, voyait rouge. Il se retournait et trafficottait, je ne sais pas quoi. Quand il me fît face, il était armé d'une carabine et se dirigeait fermement vers l'exterieur.
Les cailles continuaient à l'insulter tout en ricannant.
Il les fit taire d'un coup de feu vers le ciel. Les gars quittaient les lieux en lui promettant une suite à l'histoire.

Moi, je récuperais ma machoire infèrieur, je prenais même pas de comics et je sortais. J'étais complétement groggy. Comment on en était arrivé là ?

Le lendemain, j'apprennais que le magasins avait été brulé dans la nuit et il y avait eu un mort. Bon, c'était une vieille, mais c'était un mort quand même ...**

* From Subway (1985)
** Désolé, d'avoir plombé l'ambiance. Le texte, c'est un peu écrit tout seul.

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 21:59

 

 

Durant mon adolescence, un homme avait été porté au rand de légende vivante : Zaïr H. C'était le gars qu'il fallait pas faire chier.

 

Un peu plus vieux que moi, je le connaissais que vaguement. Il avait pourtant pas l'air d'un monstre : plutôt sec, pas spécialement grand ... Pas de quoi fouetter un chat !

 

Mais comme j'avais appris à écouter les rumeurs de trottoir, j'étais à la bonne avec son petit frère. On ne sait jamais ...

Certains allaient jusqu'à raconter que lorsque une embrouille commençait, il suffisait de dire « Ch'uis un pote de Zaïr » pour que les inopportuns rangent leurs insultes et leurs coups de boules.

 

Pourtant, malgrés notre intimité nulle, je me souviens toujours de la seul fois ou je l'ai vu en action.

 

À la sortie du collége, nous courions en meutes plus ou moins anarchique. Un des pôle centrale etait la station de bus derrière le stade du lycée, un peu plus bas. Je m'y rendait, comme tous les jours pour retrouver ma maison qui sentait le sang dans ma campagne.

 

Arrivé sur place avec quelques copains*, nous remarquions immédiatement la présence de Zaïr. Pour les petits que nous étions sa présence nous impressionnait.

T'as vu ? C'est Zaïr ! Sans déc' ? T'es sur ? Mais oui ! Ouais, c'est Zaïr ! Sur, c'est lui ! ...

 

Seul à coté du poteau indiquant les arrets, il attendait calmement, droit comme un « i », une fausse saccoche de médecin en faux cuir marron à la main.

 

Soudain, face à lui un type emmergeait de la foule et se dirigeait droit sur lui. Habillé en jean's de pieds en cape, il avait une bonne tête de plus que Zaïr et un bon million de boutons purulent en plus sur la gueule.

 

Il se stoppait à quelques centimètres de lui et le toisait plusieurs secondes.

 

  • C'est toi Zaïr ?

  • Oui, lui répondait-il avec la sérénité d'un moine bouddiste sous tranxène.

  • Y paraît que tu dechires à la baston ?

  • ...

  • On s'nique ?

  • Ben non, on va pas se battre ... C'est con ...

  • Vas y, on s'nique !

  • Mais non !

  • Allez, vas y ! Allez quoi ! Tu flippes ?

  • C'est pas ça le problème ...

 

J'étais impressionné par son calme. Il ne montait pas d'un ton ...Cool ! ... Un peu notre Fonzi à nous.

La petite affaire durait une bonne dizaine de minutes. L'autre devenait de plus en plus insistant et agressif. Et soudain, nous voyons Zaïr soupirer :

 

  • Ok ... Comme tu veux ...

 

Toujours tranquille, il pliait doucement les genoux pour déposé son sac au sol. Ensuite, il sautait en l'air et collait un coup de boule magistral à son challenger. Toute la rue s'arretait. Le géant vacillait et s'écroulait à terre. Puis, il reprenait son sac et attendait son bus.

 

Fallait vraiment pas le faire chier Zaïr ....

 

* Le Fred à cette époque ne se déplassait jamais à moins de 5.

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 07:18

 

 

Qu'est ce qu'il dit ? De quoi il va encore nous parler s'con là ?

 

Il va encore nous parler de la drogue surnommée salade ? Non !

Il nous fait un revival de fils de boucher ? Non !

 

Beubeu, c'est là ou j'ai grandi. Enfin, son vrai nom, c'est Elbeuf. C'est une petite ville de Normandie à une vingtaine de bornes de Rouen. Nous – en tant que bon adolescents j'm'en foutistes déglingosses, on la surnommait ainsi ... Pour oublié que c'était une vrai ville, pour la rendre comique.

 

Pourquoi, je vous parle d'elle ? Car longtemps, j'ai cru que c'était une ville normale et que tous les gens étaient comme moi. Mais non, elle m'a a formé particulièrement ...

 

Un peu d'histoire, mes amis*, nous explique peut être sa différence :

Cette ville a eu sa petite heure de gloire. On la retrouve dans un roman de Zola (un des rougon macquarts, mais ne me demandez plus lequel, j'ai oublié). En effet, pendant les grandes heures de l'industrie textile en 1800 et des bananes, cette ville était l'une de celles spécialisées dans la production de tissue. Et puis, quand y'a eu la crise liée à l'automatisation, c'est devenu la merde ... Pauvreté**, violence et toute la sarabande qui va bien ...

 

De plus, cette ville a un long historique de truanderie. Pendant des décennies (pour pas dire des siècles), elle a été une de ces communes moyennes qui autorisaient les ex-bagnards en leur sein.

Du coup, coups de boule, braquages et coups de surin étaient la normalité.

 

Enfin, sa position géographique un faisait une plaque tournante des drogues pour la région. Ben oui, la came arrivait au Havre et passait obligatoirement par chez nous avant d'aller à Paris***

 

Pendant mon adolescence (fin des années 80, début 90), c'était devenu une ville misèrable, crade, hors du monde, hors du temps, ... Les magasins fermaient les uns après les autres, le taux de chômages explosait, la cité du coin était un coupe gorge ... Alors la vie partait en couille ...

 

Du coup, j'ai grandi dans les sorties de colléges impossibles pour cause de bagare au couteau et au parping****, les remontées de la rue principale en regardant dans les vitrines pour voir si on est suivi ou pas, les sorties au ciné qui partent en couille parce que tu as croisé la mauvaise personne, les magasins qui brulent parce que le commerçant refuse qu'on lui chourre ses revues, ...

 

Alors certains en gardent une blessure indélébile, tromatisés à 15 ans, trouillard à vie ....

 

Moi, ça m'a donné ma façon de parler, ma colère d'être le petit qui prend les baffes. Mais je croie que ça m'a rendu plus fort.

 

Alors pourquoi vous parlais-je de tout ceci ? (parce que c'est même pas drôle)

 

Car, tout ceci m'a bourré la tête d'annecdotes incroyables, d'histoires dingues et je voulais faire cet intro avant de vous les raconter ...

 

* Si si, ça vous fera du bien, vous vous coucherez moins bêtes !

** La pauvreté en ce temps là, c'est de la bonne pauvreté. Celle ou tu crève la faim, celle ou tu boufferais le bras de ta mère, ...

*** C'est peut être pour ça que je suis allé à Panam après ?...

**** je le dis une bonne fois pour toute, mais tout est vrai ...

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