Septembre 1984, c'est ma rentrée dans un nouvel établissement scolaire : le Mont Vallot, ou appellé le collège 900*.
J'étais un petit garçon de la campagne qui avait fait ses premières armes dans une école de village et j'allaits me retrouver en 6ém dans une ville.
En plus, je devenais un grand, j'allais devoir assurer.
Outre ces histoires de salle de classe et de prof différents, de cartable à géométrie variable et de bus inrattable pour cause d'unicité journalière, il y avait la réputation !
Mon frère ainé y était encore l'année d'avant. Il m'avait raconté les bastons. Il m'avait raconté les couteaux, le rackets, les méchants, les caïds ...
J'allais rencontrer, sans le savoir, une expériences de darwinisme au premier degrè dans le réel.
Je longeais le parc qui précédait l'école. L'automne faisait pleuvoir des grandes feuilles oranges, qui formaient une couche gluante et glissante.
J'arrivais face aux grandes grilles vertes et rectangulaires. Les autres mômes avançait dans un flot continu. J'avais le coeur serré ... Pourtant quand je posais mon premier pied à l'intérieur,
je n'étais pas foudrouyé sur place ... Ma voix n'avait pas mué ... Rien ... J'enchainais ...
J'avançais sur la petite côte goudronnée qui dominait la cours inférieur et menait au préau. Elle était elle-même surplombée d'un talus d'une quarantaine de degrés planté, ça et là, de
chataigniers. Au file des années, les éléves les plus acrobates avaient creusé, en son sommet, un chemin de terre.
La pente était raide.
Tout du long, ce sac pourri me tapait dans les cuisses. C'était ma mère qui l'avait choisi. C'était une espèce de cube de tissu gris kaki. Son fond était fait d'une large plaque de carton percée
de quatre crampons de fer.
À mi-parcours, j'entendais du bruit au-dessus de moi. Des hurlement et des clang clang. Deux gars étaient en train de se bagarer et un attroupement hystérique c'était formé autour d'eux.
« Nique-le ! » « Vazy ! Défonse-lui sa race ! » ...
D'en bas, je découvrais les deux combattants :
Un grand type blond, beaucoup plus vieux que moi et donc plus fort ... J'apprendrais plus tard que c'était Billy, une espèce de cas soc' qui avait vue sa mère passer par la fenètre de la cuisine
durant un « accident ». Il petait la gueule à tous ce qui bougeait ... Et même des fois, si ça bougeait pas.
L'autre type était un gars de mon age – et même plus petit que moi. Il avait la jambe droite platrée. Il passait son temps à sautiller sur sa jambe valide. Il faisait tournoyer ses béquilles et
en assénait de grands coups à l'autre pour companser son petit gabari. Quand il ratait sa cible elles finissaient dans un mur -clang- dans un arbre -clang- Globalement, il se faisait labourer le
visage de coup de poings contre quelques coup de béquilles vicelard.
Plus tard, j'appris qu'il était dans ma classe, il s'appelait Franck. Il allait devenir mon meilleur copain ...
Bonjour, ... Tu deviens grand ....
* Pask'on foutait 900 minots dans le bordel ... Enfin t'es pas con ... C'est juste pour dire ...