Samedi, l'après midi, nous devions fêter les deux ans de Lilou.
Alors ça rigolait pas : petits qui rampent et lèchent tous ce qui bouge (ou pas) à la maison et mères de famille qui squattent le petit doigt en l'air en buvant des café et en se bourrant de gâteaux (ça fait des miettes et de la cellulite).
J'étais parti dans une opération commando nettoyage à la chaux vive. J'avais ma tenue de spationaute et je projetais de la javel au Karcher sur le mur. J'étais totalement confortable dans cet accoutrement : 48° et 350% d'humidité. Le top !
Pour me rappeler que la vrai vie existe et que je pourrais, peut être un jour, profiter de l'air pur et du vrai monde de dehors, je jetais un œil par la fenêtre … « Un jour, je serais LIBRE!!! »
Je voyais alors passer deux keufs en motos, tous giro dehors (mais pas de sirène, car ils savaient que Lilou dormait). Ma première réaction fût la révolte :
« Mais ou ils se croient les condés ? Et vazy que je prends la route à contre sens ! Rinnafout' des loi ! Toi, t'es poulet motorisé alors tu chies sur le code de la route … Halte à la république bananière et aux passes droit ».
J'allais voir Charline et m'enquierrais de savoir si je pouvais abandonner mon poste pour tuer et dépecer les motards, histoire de remettre à égalité le score de la démocratie.
Elle me cassait un balai sur le dos pour toute réponse …
Je repartais douloureux et frustré …Je reprenais mon poste de nettoyage et débouchais une bouteille d'acide sulfonique*.
Au bout de cinq minutes, alors que mes doigts rongés commençaient à laisser apparaître leurs os, je me penchais à nouveau vers la fenêtre. « Un jour, je serais LIBRE!!! ».
Cette fois, j'y découvrais un flic à pied. Bonnet, bomber et jean noir, il arborait un petit brassard orange fluo très tendance et tentais de parler discrètement dans un Talkie de 50 cm avec une antenne triple mètre.
Là, je ricanais … « Ho putain ! Ça mène l'enquête dans ma rue ! ». Qu'est ce qui ce passe ? Y'a serrage ? Y'a de l'action ? J'veux en être! J'veux en être ! »
Sans prévenir ma hiérarchie, je quittais mon poste et me plantais sur le seuil de mon immeuble. Me tournant dans la direction ou les keufs se dirigeaient, je m'attendais à trouver les experts Marseille, tenus blanche, pipette et clope dans l'ADN ... Non … Juste les flics que j'avais vu passer.
Je me tournais de l'autre coté de la rue, espérant trouver une scène de crime terrible avec du sang et tout.
Mais je me retrouvais face à une foule de plus de 100 personnes. Ils avaient l'air effondré. Il y avait des vieux, des jeunes, des meufs, des cailles … Tous étaient dignes et affectés.
Merde, c'était une marche silencieuse pour la gamine de 16 ans qui c'était faite suriner y'a 15 jours au bout de la rue … C'était pas drôle du tout …
Je rentrais un peu honteux … Y'a des moments faut pas rigoler ...
* ça existe pour de vrai !